«À vrai dire, tout est déjà là.»

Madame Peeters, quels sont les objectifs de la commune de Meilen en matière d’approvisionnement énergétique?

Nous nous orientons vers l’objectif zéro net de la Confédération jusqu’en 2050. Cela signifie que nous voulons être climatiquement neutres d’ici là et ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que ce qui peut être absorbé par les accumulateurs naturels et techniques. Concrètement, l’électricité que nous, commune de Meilen, utilisons provient déjà à 100% de sources d’énergie renouvelables. Mais nous souhaitons miser davantage sur l’énergie solaire régionale. En ce qui concerne l’approvisionnement en chaleur, nous sommes actuellement à Meilen, tous biens immobiliers confondus, à 35% d’énergie renouvelable. Il y a effectivement encore un grand potentiel.

Êtes-vous satisfaite de ce que vous avez accompli jusqu’à présent?

Nous sommes très satisfaits. Un bilan énergétique basé sur des données de 2019 a montré que nous sommes mieux placés que la moyenne suisse sur les trajectoires de réduction vers le zéro net. Mais il y a encore beaucoup à faire.

Quels projets et mesures concrets la commune a-t-elle déjà mis en œuvre?

Parmi les projets à long terme, on peut citer «solarMeilen»: les habitant·e·s achètent des droits de prélèvement pour l’électricité produite par des installations photovoltaïques que nous avons installées sur les toits des bâtiments communaux. Grâce à un fonds écologique, nous encourageons en outre les projets d’utilisation d’énergies renouvelables. Nos conseils gratuits en matière d’énergie, d’une durée de deux heures, sont très demandés. La commune a également mis à jour et étendu son plan énergétique en 2016 – et a ainsi défini des zones prioritaires pour l’exploitation des potentiels énergétiques. Avoir un tel plan ne va pas de soi pour toutes les communes.

Quels sont les autres projets en cours?

Dans le cadre de la région énergétique composée des communes d’Uetikon am See, Herrliberg, Männedorf et Meilen, nous organisons le projet «chauffage renouvelable». Dans un premier temps, il s’agit de sensibiliser la population à ce sujet. Concrètement, nous organisons des réunions d’information où nous présentons les différentes possibilités de remplacement du chauffage. En outre, nous allons établir un cadastre thermique. Celui-ci contient des informations sur le type, l’âge et la taille des chauffages dans chaque bien immobilier situé sur le territoire de la commune. Il est ainsi possible de visualiser des clusters et d’en tirer des conclusions. Dans un quartier où la part des pompes à chaleur est importante, les mesures à prendre ne sont pas les mêmes que dans un quartier où les chauffages au mazout sont nombreux. Le cadastre est une étape importante dans le développement de notre plan énergétique.

Quelles sont les mesures qui ont moins bien fonctionné?

Nous avons participé à un projet pilote pour un système de vélos en location, mais malheureusement, le rapport coût/bénéfice n’était pas bon. L’étude correspondante nous a toutefois fourni de précieuses informations sur la mobilité dans la commune en général.

En tant que responsable de l’énergie, vous êtes confrontée à différentes exigences et demandes. Comment parvenez-vous à trouver un consensus entre des positions parfois contradictoires?

Si l’on entretient un bon échange et que l’on respecte les opinions des uns et des autres, j’arrive toujours à trouver un consensus. Il faut tout simplement bien communiquer et parler avec les gens; je trouve que c’est décisif.

Quels sont les facteurs qui doivent impérativement être déterminés dès le début d’un projet pour qu’il puisse être mis en œuvre avec succès?

Il faut un objectif clairement défini et un plan pour l’atteindre. Cela peut paraître banal, mais c’est très important. Le projet doit donc être déjà élaboré et être le plus concret possible. Cela permet aussi de convaincre les donateurs·trices potentiel·le·s. Il ne faut pas dire que l’on souhaite installer Y systèmes photovoltaïques dans un délai de X ans, mais indiquer exactement où et quand – et combien cela coûtera. Il faut donc beaucoup de travail en amont pour qu’un projet soit une réussite.

Quel est le degré d’acceptation par la population des projets présentant un avantage énergétique?

Des études ont montré que l’acceptation de la population est plus grande dans les villes ayant obtenu le label Cité de l’énergie qu’ailleurs. Alors que l’électorat suisse a rejeté la loi sur le CO₂ à l’été 2021, celle-ci serait passée à Meilen, qui a le label Cité de l’énergie «Gold». Pour nous, cela signifie qu’il faut continuer!

D’une manière générale, où voyez-vous le plus grand potentiel pour un approvisionnement énergétique durable en Suisse?

Dans les sources d’énergie régionales. À Meilen, nous avons le lac – avec lequel nous exploitons un réseau de chauffage. Nous avons des forêts et donc du bois sur le Pfannenstiel – on peut s’en servir pour se chauffer. Tout est déjà là, il suffit de l’utiliser! Et je pense donc que chaque commune de Suisse a, d’une manière ou d’une autre, la possibilité d’utiliser des sources d’énergie locales – ou au moins de s’associer avec une commune voisine.

Que conseillez-vous aux communes qui souhaitent faire avancer leur planification énergétique?

Que la commune s’appuie dès le départ sur des spécialistes. Ainsi, il ne s’agira pas de simples plans sur papier, mais de solutions réalisables. Faites une analyse votre commune: est-ce qu’il y a-t-il une grande usine ou une station d’épuration des eaux usées qui pourrait servir de «déclencheur» pour un réseau de chauffage tel que nous le mettons en œuvre avec Energie 360°, par exemple? Si ce n’est pas le cas, quelles sont les autres possibilités pour rendre l’approvisionnement énergétique plus durable?

Combien de temps s’est-il écoulé à Meilen entre l’idée d’une planification énergétique et l’achèvement concret d’un projet?

Voici un exemple actuel: pour certains biens immobiliers communaux, nous savons qu’un remplacement du chauffage serait de mise dans les cinq à dix prochaines années. C’est donc le moment de vérifier la faisabilité d’un réseau de chauffage par le biais d’études. En effet, si un chauffage s’arrête soudainement, il est trop tard. Nous devons donc être préparés. C’est pourquoi je dis aux communes: attaquez-vous dès maintenant à la planification énergétique. Car tôt ou tard, il n’y aura pas d’autre solution. Alors pourquoi attendre?