«Sans les centres de données, notre quotidien s’arrêterait»

Monsieur Milesi, avec la Swiss Data Center Association, vous représentez les intérêts des exploitants suisses de centres de données commerciaux. Quels sont les thèmes au centre de vos préoccupations actuellement?

Nous avons défini trois thèmes prioritaires: les relations publiques, la communication et la durabilité. Nous souhaitons montrer à quel point les centres de données sont indispensables en Suisse. Sans eux, notre quotidien s’arrêterait. Cela concerne par exemple les soins de santé, les transports ou la communication. Et en matière de durabilité, il s’agit surtout d’efficacité énergétique: les centres de données modernes économisent de l’énergie, car ils fonctionnent de manière centralisée.

L’IA, la blockchain, l’«Internet des objets»: tous ces développements nécessitent beaucoup d’énergie. Quelle est votre contribution et celle de vos membres à la réalisation des objectifs climatiques?

Tout d’abord, il est dans l’intérêt des exploitants d’être efficaces sur le plan énergétique, car l’électricité est une source majeure de coûts. En plus des réglementations et prescriptions existantes, nous avons cofondé la Swiss Datacenter Efficiency Association (SDEA), qui soutient l’optimisation de la consommation d’énergie par des méthodes de mesure globales. Par exemple, une valeur PUE (Power Usage Effectiveness) basse indique que presque toute l’énergie électrique consommée est directement utilisée pour l’exploitation des systèmes informatiques. Il y a quelques années, les valeurs PUE de nos membres étaient nettement plus élevées qu’aujourd’hui. Je le répète: les centres de données professionnels économisent de l’énergie. Si toutes les entreprises exploitaient leurs propres centres de données privés, la consommation d’énergie serait nettement plus élevée.

Votre association travaille également avec des entreprises partenaires comme Energie 360°. Où voyez-vous des synergies?

Les centres de données sont désormais reconnus comme des infrastructures critiques. Il faut donc une association qui favorise les échanges avec tous les partenaires concernés afin de développer des solutions pour l’avenir. La collaboration de Green avec Energie 360° à Dielsdorf en est un bon exemple. La chaleur résiduelle y est utilisée pour fournir de la chaleur renouvelable à environ 11 500 foyers répartis dans six communes. C’est une contribution précieuse à la transformation du système énergétique.

Les centres de données génèrent beaucoup de chaleur. Pour quelle raison?

La chaleur résiduelle est un effet secondaire du traitement des données. Dès qu’un ordinateur consomme de l’électricité, il transforme l’énergie électrique en puissance de calcul, ce qui génère quasiment 100% de chaleur.

Quelles innovations technologiques pourraient encore améliorer l’utilisation de la chaleur résiduelle?

Le refroidissement par immersion, qui consiste à immerger directement les processeurs dans un liquide de refroidissement spécial, est une innovation prometteuse. Actuellement, les appareils sont refroidis par des systèmes de climatisation et l’air évacué atteint environ 25 à 35 °C. Pour pouvoir être utilisé comme énergie de chauffage, cet air doit ensuite être amené à un niveau de température plus élevé. Le refroidissement par immersion permet en revanche d’absorber la chaleur directement à la source. Le liquide de refroidissement atteint ainsi des températures nettement plus élevées et peut être utilisé directement avec une dépense énergétique nettement moindre. Cette technologie efficace est déjà disponible et s’imposera probablement dans un avenir proche.