De l’audace et de la faisabilité

Giada, tu es cheffe de projet Vente réseaux énergétiques. Quelles sont tes fonctions?

Je vends du chauffage à distance et je convaincs les propriétaires, les gérances immobilières, mais aussi les chauffagistes de raccorder leurs immeubles au réseau d’Energie 360°.

A quoi ressemble ton travail quotidien de cheffe de projet?

D’une part, je dirige une équipe de projet interne pour la vente, et d’autre part, je suis également en contact avec les chef·fe·s de projet de l’équipe technique et de l’équipe de communication. Ensemble, nous décidons si des mesures de marketing ou des activités de vente sont nécessaires. Mon rôle est d’apporter le point de vue de la vente, par exemple en indiquant quelle est la clientèle nécessaire pour qu’un projet soit rentable.

Et en même temps, tu te rends aussi sur place chez la clientèle…

Exactement, quand tout a été discuté en interne pour un projet, on sort enfin du bureau (rires). Je visite alors l’installation, je présente le projet et j’enregistre toutes les données techniques nécessaires à l’établissement d’un devis de contrat de fourniture de chaleur. J’apprécie de pouvoir rencontrer notre clientèle. Je dis client·e·s, mais la plupart du temps, ce sont des hommes: des chauffagistes, des propriétaires d’immeubles, parfois des architectes. Quand je rencontre des femmes, il s’agit souvent de gérantes ou de gestionnaires de biens immobiliers.

Les femmes doivent-elles faire plus pour être prises au sérieux dans ton secteur?

C’est une question difficile. Je pense que cela dépend plus de l’attitude que du fait d’être un homme ou une femme. J’ai appris à adopter en entretien une position qui m’assure l’attention et la perception de la personne face à moi, et ce grâce à mon expertise.

Pour ton travail, tu as besoin non seulement d’expertise, mais aussi de doigté. Comment t’y prends-tu?

Je sais très bien m’adapter, et puis tout dépend de la situation. Parfois, il ne manque qu’une information et parfois, je dois déterminer si la situation n’est pas claire ou si nous ne sommes tout simplement pas sur la même longueur d’onde. Ce qui aide toujours, c’est de trouver les intérêts communs que nous, Energie 360°, avons avec la clientèle finale.

Explique:nous ce que ça représente pour toi de travailler dans l’énergie, un secteur dominé par les hommes. Quelles sont les réactions lorsqu’une jeune femme experte en la matière frappe à la porte?

Lorsque j’ai commencé mon activité, je pensais que le fait d’être jeune et féminine aurait un impact beaucoup plus important sur la clientèle. Avec le temps, je me suis rendu compte que cela ne jouait pas un si grand rôle. Il est intéressant de noter qu’au téléphone, j’ai plutôt l’impression que je dois faire plus d’efforts, en tant que femme, pour montrer que je connais le sujet et que je possède aussi une formation technique.

Y a-t-il eu des situations désagréables?

Très rarement, je peux vraiment les compter sur les doigts d’une main. Mais oui, il y a eu des situations inattendues et bizarres. Une fois, lors d’une visite chez un client, il y avait une bouteille de prosecco sur le système de chauffage, et un autre m’a demandé si je ne voulais pas dîner avec lui.

Comment as-tu réagi?

J’en ai parlé à mon supérieur de l’époque et lui ai demandé des conseils sur la manière de réagir de manière professionnelle et appropriée. Je ne savais pas que ce genre de choses arrivait si souvent. Chez Energie 360°, nous avions un coach interne qui m’a donné quelques conseils très précieux sur la manière de gérer ce genre de situation. En outre, j’ai pu suivre un cours externe qui m’a permis d’approfondir encore davantage la manière de me présenter avec assurance et comment être perçue de manière plus consciente, surtout en tant que femme et à un poste de direction. Cela m’a fait énormément progresser.

Qu’est-ce qui a changé au cours de tes douze années d’activité dans ce domaine masculin?

J’ai changé. Au début, je manquais d’expérience. Je n’étais pas sûre de moi. Mais j’ai appris et j’ai trouvé un moyen de gérer différentes situations. L’acceptation est une chose. Je pense que si l’on a accepté une femme dans cette position par le passé, on continue de le faire aujourd’hui.

Existe-t-il encore des professions typiquement masculines et typiquement féminines ou ne devrait-on même plus poser cette question?

Disons que je pense que c’est encore présent dans la tête des gens, parce qu’on n’est pas encore habitué à penser autrement. Même moi, ça m’arrive. Par exemple, si j’ai besoin d’un·e électricien·ne à titre privé, je pars automatiquement du principe que c’est un homme qui va passer. Lorsqu’une électricienne se présente à ma porte, j’ai un moment de surprise, même si je ne mets jamais en doute ses compétences.

As-tu déjà été désavantagée en tant que femme au cours de ta carrière professionnelle?

Non, plutôt l’inverse. Les gens se souviennent de moi. (Rires) Même si les gens oublient mon nom, je suis toujours la «jeune femme d’Energie 360°». Est-ce une bonne ou une mauvaise chose? Je préfère ne pas me poser la question. Les attentes envers une femme sont moins élevées, je peux utiliser cela à mon avantage.

Où vois-tu un potentiel pour soutenir les femmes dans ton secteur?

C’est une question difficile, car à mon avis, cela dépend moins du fait d’être un homme ou une femme que du type de personne que l’on est. Ce qui est important, c’est d’être actif·ive soi-même. Je suis quelqu’un qui peut demander des choses et obtenir des conseils et du soutien. Avec Energie 360°, j’ai en outre un employeur qui me facilite la tâche, car il est à l’écoute et met à disposition les outils adéquats.

De quoi les autres peuvent-ils s’inspirer chez toi?

Du fait de ne pas avoir peur. De faire preuve de courage et d’assurance face aux autres.

Quelle est la femme qui t’a le plus inspirée?

La première qui me vient immédiatement à l’esprit est ma maman. C’est une femme intelligente et forte qui ne mâche pas ses mots. Elle est venue d’Italie et a accompli beaucoup de choses, à savoir ce qu’elle voulait.